lundi 1 mars 2010

Gyrodactylose à Gyrodactylus salaris

La fiche suivante est extraite des fiches maladies de l'OIE (Organisation mondiale de la santé animale). Cette maladie ne concerne que les Salmonidés mais permet de bien comprendre la problématique des monogènes cutanéo-branchiaux chez les poissons.

Gyrodactylose
(Gyrodactylus salaris)

ÉTIOLOGIE
CLASSIFICATION DE L’AGENT CAUSAL
Ver plat (Plathelminthes) de la classe des Monogenea, famille des Gyrodactylidae, genre Gyrodactylus. Parasite obligatoire des poissons à mode de reproduction vivipare, il n’existe ni œufs, ni stade de repos, ni stade de transmission spécialisé ni hôtes intermédiaires.
RÉSISTANCE AUX AGENTS PHYSIQUES ET CHIMIQUES
Température : Survit à toutes les températures comprises entre 0 °C et 25 °C. La tolérance aux températures supérieures à 25 °C est inconnue. Ne résiste pas à la congélation.
Sécheresse : Ne résiste pas à la sécheresse. Sa survie dépend d'un environnement aqueux.
pH : Plus sensible que son hôte, le saumon atlantique, à des pH faibles (< 6,0) associés à la présence d’aluminium.
Salinité : Il vit principalement en eau douce, mais il peut se reproduire à des salinités de 5 à 6 %. Sa survie à salinité plus élevée dépend de la température. Par exemple à 1,4 °C, G. salaris survit respectivement pendant 240 heures, 78 heures et 42 heures à 10 %, 15 % et 20 % de salinité. A 12 °C ces temps de survie s'abaissent à 72 heures, 24 heures et 12 heures.
Agents chimiques : Sensible aux changements de composition chimique de l’eau.
Désinfectants : Sensible à la plupart des agents chimiques utilisés en bain pour traiter les œufs de saumon et les tacons d’élevage : formaldéhyde et composés de chlore et d’iode.
Survie : En dehors de l’hôte elle dépend de la température : 24 heures à 19 °C, 54 heures à 13 °C, 96 heures à 7 °C et 132 heures à 3 °C.
ÉPIDÉMIOLOGIE
• Lorsque le parasite est introduit dans des rivières indemnes, jusqu’à 98 % de la population des tacons natifs peuvent mourir en quelques années. L’existence de la population de saumon atlantique est menacée dans un grand nombre de ces rivières (la mortalité des tacons dans les rivières endémiques d'origine est inconnue).
• La mortalité peut atteindre 100 % chez les tacons d’élevage (en l’absence de traitement).
• Fréquemment mis en évidence chez la truite arc-en-ciel d’élevage, le parasite ne cause généralement pas de maladie.
HÔTES
• Saumon atlantique (Salmo salar).
• Autres salmonidés (par ordre décroissant de sensibilité) : truite arc-en-ciel (Oncorhynchus mykiss), omble chevalier (Salvelinus alpinus), omble de fontaine (S. fontinalis), ombre commun (Thymallus thymallus), touladi (S. namaycush), truite commune (Salmo trutta).
TRANSMISSION
• Contact direct entre les hôtes infectés et non infectés.
• Contact entre un hôte non infecté et des parasites détachés présents sur le substrat.
• Contact entre un hôte non infecté et des parasites présents dans la colonne d’eau.
SOURCES DU PARASITE
• Poissons infectés
• Équipements humides, comme les articles de pêche, filets et cuissardes ayant été utilisés dans une rivière ou un élevage infecté.
RÉPARTITION GÉOGRAPHIQUE
Gyrodactylus salaris a été identifié chez le saumon atlantique sauvage ou d’élevage et la truite arc-en-ciel d’élevage dans différents pays européens, mais non dans les Iles Britanniques. Chez le poisson sauvage, la présence du parasite est limitée aux rivières et aux lacs dans lesquels le saumon atlantique évolue. La seule exception a été observée chez des truites arc-en-ciel qui s’étaient récemment échappées d’une ferme piscicole infestée.
Pour obtenir des informations plus complètes sur la répartition géographique, se référer aux numéros récents de Santé Animale Mondiale et consulter le site Internet de l’OIE.
DIAGNOSTIC
La période prépatente dépend de la température de l’eau et du nombre de parasites (dose). Elle peut être relativement brève, de l'ordre d'une semaine, comme elle peut atteindre plusieurs mois.
DIAGNOSTIC CLINIQUE
• Les poissons faiblement colonisés (quelques dizaines de parasites) ne présentent généralement aucun signe clinique.
• Dans les élevages modérément ou fortement infestés, des éclats lumineux produits par les poissons qui se grattent sur le fond des bassins sont souvent perceptibles.
• Les poissons fortement atteints prennent une coloration grisâtre due à l'hypersécrétion de mucus cutané. A un stade plus avancé, les nageoires dorsales et pectorales acquièrent une teinte blanchâtre résultant de l'épaississement hypertrophique de l’épiderme.
• Des mycoses secondaires (Saprolegnia spp.) sont fréquemment observées chez les poissons souffrant de gyrodactylose.
• Les poissons fortement infestés ont une activité réduite et tendent à séjourner dans des zones à faible courant.
LÉSIONS
• Les poissons fortement infestés peuvent présenter des érosions des nageoires, dorsale, caudale et pectorales en particulier, résultant directement du comportement alimentaire des parasites.
DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL
• Les signes cliniques, modifications de comportement ou hypersécrétion de mucus, sont similaires à ceux observés dans d’autres ectoparasitoses.
DIAGNOSTIC BIOLOGIQUE
Procédures
Identification de l’agent
• Les spécimens de Gyrodactylus doivent être montés individuellement entre lame et lamelle, dans une goutte de picrate d’ammonium glycériné, pour l'examen microscopique.
• Morphologie et morphométrie des crochets marginaux, des organes d’ancrage (hamulus) et des barres de l’organe de fixation.
• Sonde à ADN.
Tests sérologiques
• Aucun test sérologique n’est disponible.
Prélèvements
Identification de l’agent
Pour rechercher la présence de Gyrodactylus, les poissons doivent être examinés individuellement sous une loupe binoculaire possédant un éclairage satisfaisant, dans un récipient étanche, et complètement recouverts d’eau. Le poisson doit être sacrifié juste avant l’examen, car les parasites vivants actifs sont plus facilement détectés.
L’examen de poissons conservés dans de l’éthanol à 70 % minimum, ou fixés dans du formaldéhyde à environ 4 % (équivalent du formol à 10 %) sont des alternatives acceptables dans la mesure où les parasites morts deviennent blanchâtres et assez facilement discernables. Cependant, conservés, et plus encore fixés, les spécimens de Gyrodactylus sont difficiles à préparer pour l’identification morphologique.
PRÉVENTION ET TRAITEMENT
• Gyrodactylus salaris est principalement disséminé à l'occasion des transports de saumons et de truites arc-en-ciel vivants. Au moins 30 poissons en provenance d’une unité de production (par exemple un bassin) doivent être examinés sous un microscope binoculaire avant tout transport.
• Plusieurs agents chimiques utilisés en bain sont efficaces contre le parasite, notamment le formaldéhyde et l’eau de mer, mais les parasites ne sont généralement pas totalement éliminés.
• Des résultats récents ont indiqué qu’un traitement oral par le triclabendasole (40 g par kg d’aliment pendant 10 jours) ou le nitroscanate ( 0,6 g par kg d’aliment par jour) permettait d’éliminer l’infection.
PROPHYLAXIE SANITAIRE
• Les équipements de nettoyage et de manipulation des poissons ne doivent pas être utilisés d’une unité de production à l’autre.
• Les équipements utilisés pour le transport des poissons, ou ceux ayant été en contact avec des poissons infestés doivent être séchés, congelés ou désinfectés (par exemple dans 1 % de chloramine T [Halamid]).
PROPHYLAXIE MÉDICALE
• Aucune
BIBLIOGRAPHIE
Chapitre 2.2.9. du Manuel de diagnostic des maladies des animaux aquatiques de l’OIE, OIE, Paris, France.
Chapitre 2.2.9. du Code sanitaire international pour les animaux aquatiques de l’OIE, OIE, Paris, France.

Experts et laboratoires de référence de l’OIE en 2000
Dr T. Atle Mo
Institut vétérinaire national, Ullevålsveien 68, P.O. Box 8156 Dep., 0033 Oslo, NORVÈGE
Tél : (47.22) 96.45.00, Fax : (47.22) 46.00.34
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