mardi 2 mars 2010

Démarches pour poser un BON diagnostic

Avant d’envisager un quelconque traitement (et avant de statuer sur
l’efficacité ou non d’un traitement), il convient de poser le BON
diagnostic.

La première étape consiste à recueillir l’ensemble des informations
concernant le poisson et l’aquarium. Quelle espèce ? Quel âge ? Quel
sexe ? Les antécédents de symptômes ou maladies ? Les paramètres d’eau ?
La façon de faire l’eau ? Y a-t-il eu d’autres poissons introduits
récemment ? Combien de poissons présentent des symptômes ? Est ce que
tous les poissons malades ont les mêmes symptômes? Depuis quand ? Quelle
est l’évolution des symptômes ?

La deuxième étape consiste à poser un diagnostic différentiel. Pour
ceux, comme moi qui sont fans du Dr House, c’est l’étape du tableau
blanc où on cite toutes les maladies qui « collent » avec les symptômes.
C’est l’étape crucial mais qui est malheureusement trop souvent négligée
en aquariophilie où beaucoup de gens font des raccourcis.

Par exemple le diagnostic différentiel d’un poisson qui respire vite
pourrait être :

Manque d’O2
Trop de Co2
Une concentration élevée en Ammoniac
Une concentration élevée en nitrites
Une concentration élevée en nitrates
Une température trop élevée
La présence de polluants
La présence de chlore
Une acidose
Une sursaturation gazeuse
Un problème de vers branchiaux
Un problème de microparasites branchiaux
Une infection bactérienne branchiale
Une infection bactérienne systémique
Un problème de vessie gazeuse
Une infestation parasitaire autre que branchiale
Un stress lié à un poisson hyper agressif
Une eau chargée en matières en suspension

Et j’en oublie sans doute… Cela signifie que pour poser le BON
diagnostic, il faut lister toutes ces hypothèses et les réfuter une par
une (comme dans Dr House).

Pour infirmer ou confirmer une hypothèse, il faut collecter des
informations supplémentaires en procédant à des analyses de flotte par
exemple mais ça peut être collecter des excréments pour les regarder au
microscope ou couper un petit bout de nageoire pour le regarder au
microscope...

Si on a vérifié la qualité d’eau, on constate malgré tout qu’il subsiste
tout de même pas mal de bonnes raisons pour que le poisson respire vite
et pas uniquement les vers branchiaux (pour ceux qui auraient été tentés
de faire le raccourcis) donc on progresse.

On arrive à ce stade aux limites de l’aquariophilie parce qu’à moins
d’en sacrifier un pour poser le BON diagnostic (le plus moribond que de
toute façon était condamné) et sauver les autres, on a pas moyen d’en
savoir plus.
La technique consiste alors à poser un diagnostic thérapeutique. C’est à
dire qu’on fait subir au poisson un traitement pour voir si les
symptômes disparaissent. Si c’est effectivement le cas, c’est qu’on
avait vu juste. Sinon, ça aura au moins servi à écarter une hypothèse et
ça fait avancer le schmilblick. Le traitement à privilégier en premier
est évidemment celui qui permettrait de traiter l’hypothèse la plus
probable.
Pour les inconditionnels de la série, c’est ce que fait souvent le Dr
House et qui fait hurler les autres médecins.
Pour les discus, la première chose à faire est de procéder à un bon
changement d’eau, ça permet d’écarter l’hypothèse selon laquelle, les
symptômes seraient liés à la qualité d’eau.

Dans l’exemple précédent, si on a d’autres symptômes type opercule
collé, on peut partir sur l’hypothèse que ce sont des vers branchiaux et
faire un traitement au Praziquantel mais il ne faut pas perdre de vue
que ça peut également être des microparasites branchiaux qui ne sont pas
du tout sensibles au Praziquantel. Dans ce cas, il faudra envisager un
traitement au FMC si le traitement au Praziquantel ne suffit pas etc….

Au final, on aura mis en place un ou des traitements (dont le changement
d’eau) pour arriver à poser le BON diagnostic. Ça permettra de mettre en
place ensuite des mesures correctives adaptées pour les autres (changer
de façon de préparer son eau, déparasiter tous les poissons,
désinfection des épuisettes….)
Dites vous bien que si vous n’avez pas réussi à poser le BON diagnostic
et que vous n’avez pas mis en place les bonnes mesures correctives, ça
se reproduira vraisemblablement et que ça ne se passera pas forcément
aussi bien.

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